La France s’engage du 21 juin – La Fabrique du Regard
"Dans un monde qui se polarise, il s’agit d’aider les jeunes à analyser les images pour introduire de la nuance."
Jamais les images n’ont occupé une place aussi centrale dans nos vies. Omniprésentes, instantanées, souvent consommées sans recul, elles façonnent notre perception du monde. Leur pouvoir de conviction, de séduction ou de manipulation est colossal. Pourtant, l’apprentissage de leur lecture reste largement marginal dans les parcours éducatifs traditionnels.
Dans ce contexte, former les jeunes à et par l’image devient un levier décisif pour renforcer leur capacité critique et leur autonomie intellectuelle. C’est un enjeu démocratique majeur, une réponse structurelle à la prolifération des discours complotistes et à l’appauvrissement de la pensée binaire. Selon une étude menée en 2021 par le CSA (devenu Arcom), 85 % des jeunes de 10 à 15 ans déclaraient adhérer à au moins une théorie conspirationniste.
Face à cette vulnérabilité informationnelle, La Fabrique du Regard offre une alternative constructive : une éducation exigeante à l’image, conçue non pas comme une option culturelle, mais comme une compétence citoyenne essentielle.
Le BAL et La Fabrique du Regard, c'est quoi ?
Créé en 2010 par Raymond Depardon et Diane Dufour, Le BAL est un espace indépendant d’exposition, d’édition et de réflexion dédié à l’image contemporaine, sous toutes ses formes : photographie, vidéo, cinéma, nouveaux médias. Au-delà de ses murs, Le BAL a construit une action pédagogique ambitieuse avec La Fabrique du Regard, son pôle éducatif fondé en 2008 par Christine Vidal.
La Fabrique du Regard intervient prioritairement auprès des jeunes issus des réseaux d’éducation prioritaire et des territoires éloignés de l’offre culturelle. Depuis 18 ans, elle a accompagné plus de 24 000 jeunes, mobilisé 1 320 enseignants et 550 artistes à travers 275 quartiers en France, du primaire au lycée, dans les établissements scolaires et les structures sociales.
L’ambition de La Fabrique du Regard dépasse la simple sensibilisation. Il s’agit d’un apprentissage structuré :
- Apprendre à comprendre comment une image est fabriquée, quels choix de cadrage, de lumière, de montage ou de diffusion participent à sa construction.
- Apprendre à regarder activement, à questionner ce que l’image montre et, surtout, ce qu’elle occulte.
- Apprendre à produire ses propres images, en conscience, pour se réapproprier son propre récit.
Chaque jeune engagé dans ce parcours acquiert ainsi des outils critiques puissants. Ils découvrent que l’image n’est jamais neutre, qu’elle peut véhiculer des biais, des idéologies ou des intentions implicites. Ils apprennent à naviguer dans un flux visuel saturé, à décoder les images scientifiques, artistiques ou médiatiques, qu’elles soient diffusées sur les réseaux sociaux ou dans l’espace public.
Dans une société où 4 000 images sont partagées chaque seconde sur les plateformes numériques, cet apprentissage est une nécessité impérieuse. Il forge des citoyens lucides, capables d’exercer leur libre arbitre et de contribuer activement au débat public.
La Fabrique du Regard construit une génération de jeunes acteurs de leur regard, conscients des mécanismes de représentation, et donc mieux armés pour déjouer les simplifications, les radicalisations et les manipulations visuelles. Une réponse puissante et concrète aux défis informationnels, démocratiques et culturels de notre temps.
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