Inclusion professionnelle des personnes autistes : du terrain à la norme, avec Vivre et Travailler Autrement

Depuis sa création, Vivre et Travailler Autrement (VETA) défend une approche fondée sur une conviction structurante : permettre aux personnes avec trouble du spectre de l’autisme (TSA) et trouble du développement intellectuel (TDI) d’accéder à un emploi et un habitat en milieu ordinaire, c’est leur offrir la possibilité de s’insérer pleinement dans la société.

Cette approche singulière, résolument en rupture avec les logiques de ségrégation institutionnelle, conjugue inclusion professionnelle, autonomie résidentielle et accompagnement médico-social de proximité.

Loin des modèles classiques d’insertion, VETA, labellisé lauréat de La France s’engage en 2018, privilégie la création de dispositifs directement insérés dans l’environnement économique local, au plus près des bassins d’emploi. L’association articule un accompagnement individualisé à une dynamique collective, mobilisant entreprises, familles et acteurs médico-sociaux, dans un partenariat équilibré. Cette approche pragmatique et ancrée sur le terrain, longtemps ignorée ou minorée, s’est révélée une réponse d’une efficacité remarquable face aux défis persistants de l’inclusion.

De l'expérimentation chez Andros à la reconnaissance nationale

C’est à l’écart des projecteurs médiatiques, mais avec une rigueur continue, que Vivre et Travailler Autrement a expérimenté son modèle au sein du groupe Andros, pionnier industriel engagé à ses côtés. Pendant des années, loin des projecteurs, cette alliance atypique entre monde associatif et entreprise privée a permis de tester, d’ajuster et de consolider un dispositif novateur qui prouve que l’emploi en milieu ordinaire est non seulement possible, mais durable et bénéfique, y compris pour les personnes présentant des formes sévères de TSA et de TDI.

Aujourd’hui, cette expérimentation sort de la confidentialité. Le ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles a publié l’instruction interministérielle n° DGCS/3B/DITND/CNSA/2025/34, intégrant pleinement l’approche développée par VETA dans la stratégie nationale pour les troubles du neurodéveloppement 2023-2027. Cette reconnaissance institutionnelle marque un tournant : elle scelle l’adossement d’une innovation sociale de terrain à la politique publique nationale.

Concrètement, l’instruction ministérielle prévoit le déploiement de dispositifs de type VETA sur l’ensemble du territoire, visant à associer emploi ordinaire et habitat en milieu de vie inclusive, avec un financement adapté et sécurisé. Cent projets pourraient ainsi voir le jour dans les prochaines années, multipliant les opportunités d’une vie digne pour des centaines de personnes encore trop souvent reléguées aux marges de notre société.

Transformer l’expérimentation en politique publique : un axe stratégique de La France s’engage

La France s’engage se réjouit profondément de ce passage de l’expérimentation à la généralisation. Depuis sa création, notre fondation plaide pour que les innovations sociales issues de la société civile irriguent l’action publique. Cette reconnaissance officielle du modèle VETA, après des années d’efforts discrets mais obstinés, vient valider une orientation que nous défendons de longue date : faire émerger des dispositifs issus du terrain dans le champ de l’action publique. Elle entérine également deux combats structurants de notre stratégie institutionnelle :

Premièrement, nous affirmons que l’innovation sociale doit être pleinement intégrée à la fabrique de l’action publique. À cet effet, notre Livre blanc de l’innovation sociale propose des mesures ambitieuses : création d’un Haut-commissariat à l’innovation sociale, intégration systématique de l’innovation sociale dans la formation des hauts fonctionnaires, amplification du programme La Fonction publique s’engage, ouverture de l’Office parlementaire d’évaluation aux choix d’innovation sociale. Nous portons la conviction que la République a tout à gagner à reconnaître et à systématiser ces dynamiques venues d’en bas.

Deuxièmement, nous défendons la nécessité de l’engagement actif des entreprises dans l’innovation sociale, comme Andros l’a exemplairement démontré (et aussi d’autres entreprises engagées, qui ont pris ce virage inclusif avec VETA, comme l’Oréal, LVMH, Barilla, les Ateliers foréziens du frais..). Ce croisement fertile entre acteurs privés et associatifs, longtemps sous-estimé, est un levier essentiel d’impact systémique. Comme nous l’écrivons dans notre Livre blanc, les entreprises doivent être pleinement associées à la transformation sociale : par l’essaimage de pratiques responsables, par l’intégration d’innovations sociales dans leurs stratégies RSE, et par le mécénat de compétences et d’influence au service du bien commun.

VETA : une contribution structurante à l’évolution des politiques d’inclusion

La trajectoire de Vivre et Travailler Autrement rappelle que, même sans faire de bruit, l’innovation sociale transforme, en profondeur, les représentations et les structures. Ce passage historique à l’échelle nous enseigne que l’audace pragmatique, conjuguée à la persévérance, peut devenir moteur de politiques publiques durables.

À La France s’engage, nous poursuivrons notre rôle de facilitateur entre les initiatives issues du terrain et les cadres d’action publique. L’inscription de l’innovation sociale dans le droit commun ne relève ni de l’effet d’annonce ni d’un tropisme conjoncturel : elle constitue une réponse concrète aux limites des dispositifs existants. Soutenir cette évolution, c’est reconnaître que des solutions pertinentes peuvent émerger en dehors des structures administratives traditionnelles — et qu’il est de la responsabilité des pouvoirs publics de leur donner les moyens d’exister, de se déployer et de durer.