« Joyeux anniversaire la France qui aime, la France qu’on aime ! »
Dix ans, cela méritait bien une fête !
Le 20 novembre, au Palais de la Porte Dorée, toute la famille de La France s’engage était réunie pour célébrer une décennie d’initiatives, de projets, et d’engagement collectif. Une soirée pleine d’émotion et de fierté, où les acteurs de cette aventure – lauréats, fondateurs, mécènes et partenaires – ont partagé leurs souvenirs, leurs ambitions et leurs convictions pour les années à venir.
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"Nous avons grandi" : retour sur une décennie de progrès
Damien Baldin, directeur général de La France s’engage, a ouvert la cérémonie par ces mots : “Il y a dix ans, La France s’engage naissait dans un palais de la République. Nous avons grandi. Pour notre 10e anniversaire, il nous fallait un autre palais, vaste, accueillant, ouvert sur la plus grande diversité possible dans notre monde.”
Revenant sur l’origine du projet, il a souligné l’importance de la fidélité et du dialogue collectif dans ce qui constitue peut-être « un miracle de tous les jours, dans ces temps d’instabilité politique et de fragilité économique, où, paradoxalement, les coalitions, les coopérations, les alliances semblent plus faciles aux forces obscures qu’à celles qui sont éclairées par le flambeau de l’altérité heureuse. »
À travers la création de La France s’engage, l’idée était simple : soutenir des projets innovants qui répondent aux enjeux sociaux et environnementaux les plus pressants, les moins satisfaits par des dispositifs publics ou privés existants. Dix ans plus tard, le bilan dépasse les attentes. Plus de 200 initiatives ont été soutenues, touchant des millions de bénéficiaires, de la ruralité aux quartiers populaires, en passant par l’outre-mer.
« Nous sommes tous ici des enfants de La France s’engage, lauréats, mécènes, partenaires, bénévoles et nos pères fondateurs. Grandir, c’est pouvoir observer le chemin parcouru. C’est aussi pouvoir imaginer toutes les routes qui s’ouvrent désormais à nous. »
« Ce soir, nous célébrons une histoire collective », a rappelé Damien. « Nous avions besoin d’une histoire commune et réfléchie. C’est désormais notre Récit d’impact, publié à l’occasion de cet anniversaire ». L’avenir se dessine aussi à travers une proposition d’avenir, une plate-forme pour discuter, débattre et dessiner des horizons d’avenir communs, exprimée dans le « tome 2 de ces 10 ans » : le Livre blanc de l’innovation sociale.
Avant de conclure : « nous produisons du bonheur social. Il est de notre responsabilité de l’entretenir avec passion et de le faire grandir encore et toujours. C’est une responsabilité qui pourrait nous incomber dans les 10 prochaines années. »
L'engagement, une force viscérale
Enora Hamon, directrice générale adjointe de la Fondation, a pour sa part rappelé que « l’engagement est souvent le fruit d’une émotion ou d’une révolte viscérale face à des injustices flagrantes, souvent invisibles pour le reste de la société », avant d’évoquer avec passion les acteurs de ce mouvement : « Ils et elles sont infirmiers, pharmaciens, joueurs de tennis, chefs d’orchestre, chanteurs d’opéra, éditeurs, étudiants, banquiers ou même consultants, et ils ont décidé de changer leur vie pour changer celle des autres ».
Enora a insisté sur le rôle de La France s’engage en tant que catalyseur de cette énergie collective. En réunissant des individus de toutes origines et de tous horizons, l’organisation est devenue bien plus qu’un réseau d’innovation sociale : elle est un espace de dialogue, un lieu où le désaccord est permis et où la diversité des expériences nourrit des solutions nouvelles. « Nous réunir à plus de 800 ce soir n’est pas une démonstration de force », a-t-elle rappelé. « C’est la preuve qu’il existe encore des espaces et des communautés où nous pouvons échanger, débattre et refaire le monde. »
Enora a également mis en lumière les défis d’un tel rassemblement dans un contexte de peur et de doute, où les divisions semblent prendre le dessus. À l’heure où certains mouvements obscurs prospèrent grâce à des alliances opportunistes, La France s’engage offre un contre-modèle : un lieu où la coopération est guidée par le respect, l’altérité et la quête d’un bien commun. « Ce soir, ce n’est pas seulement un anniversaire, c’est une déclaration d’intention collective pour continuer à agir. »
Un message amplifié par Constance Rivière, directrice générale du Palais de la Porte Dorée, qui a salué “une décennie de confiance“. À ses yeux, La France s’engage incarne “un message d’espoir“, où le secteur privé, le monde associatif et les institutions s’unissent pour “changer et construire le monde de demain“.
Une vision incarnée par des récits concrets
Ses convictions se sont reflétées dans les témoignages de huit lauréats présents sur scène. Ces « utopistes » et « poètes » illustrent la diversité des projets soutenus depuis dix ans.
Yann Lotodé, co-fondateur de La Cravate Solidaire (lauréat 2014) a rappelé avec émotion son entrée dans le programme en 2014 : “À l’époque, on avait zéro salarié, un tout petit budget, et beaucoup de rêves.” Dix ans plus tard, l’association accompagne chaque année 12 000 candidats en situation précaire à préparer leurs entretiens d’embauche, épaulée par 2 000 bénévoles et une centaine de salariés.
Même constat de croissance pour Frédéric Bardeau, fondateur de Simplon.co (promo 2014 également), qui forme aux métiers du numérique dans des territoires souvent oubliés : “On avait quatre écoles quand on a commencé. Aujourd’hui, on en compte 120. Simplon ne serait pas ce qu’elle est sans La France s’engage.”
Alice Barbe, co-fondatrice de Singa et fondatrice de l’Académie des Futurs Leaders, a, quant à elle, souligné l’impact du programme sur des sujets sensibles comme la migration. “En 2014, accueillir des réfugiés était perçu comme trop politique, trop risqué. Grâce à La France s’engage, nous avons pu agir, devenir internationaux et soutenir des milliers de personnes dans huit pays.“
Des territoires et des femmes
L’engagement de La France s’engage dépasse les frontières classiques, s’invitant jusque dans les territoires ultramarins et ruraux. Élodie Tesson et Alexandra Harnais, lauréates 2021 et 2022 avec InSite et Fédération Amazones, en sont les porte-parole. Leur message est clair : l’innovation sociale ne doit oublier ni les femmes, ni les zones oubliées de la République.
Elles ont évoqué leurs initiatives comme des modèles de solidarité territoriale : “Entre la Polynésie et le Gers, il n’y a qu’un battement de cœur“, ont-elles affirmé. Leur rêve pour l’économie sociale et solidaire (ESS) de demain ? “Une ESS qui prend soin des gens, des territoires, et de nous tous.”
Un combat pour l’égalité
Adbelaali El Badaoui, fondateur de Banlieues Santé (lauréat 2022), a illustré l’urgence de réduire les inégalités sociales et territoriales en matière de santé. “Il y a dix ans d’écart d’espérance de vie entre un ouvrier et un cadre supérieur en France. C’est inacceptable.” Son projet, inspiré par les valeurs de justice sociale et de solidarité, vise à rapprocher les plus vulnérables des droits communs.
Anne-Sarah Kertudo et Simon Houriez, respectivement fondatrice de Droit Pluriel (2023) et directeur de Signes de Sens (2019), ont, de leur côté, mis en lumière les défis d’accessibilité des personnes en situation de handicap. Grâce au soutien de La France s’engage, la première a créé une permanence juridique dématérialisée, accessible à tous : “Connaître ses droits quand on ne peut ni téléphoner ni se déplacer, c’est une révolution.“
L'éloge d’une communauté
Au fil des prises de parole, une constante est revenue : La France s’engage, ce n’est pas seulement un programme, mais une famille. “C’est un label, une reconnaissance, mais aussi une communauté de soutien qui nous aide à tenir dans les moments difficiles“, a résumé Anne-Sarah Kertudo.
Un message renchéri par Abdelaali el Badaoui : “À La France s’engage, c’est ce que l’on a compris, que l’on avait un potentiel une force. Cette force, c’est une famille. J’ai décidé de créer un projet communautaire, la communauté du bien. Si vous êtes là, c’est que vous faites partie de cette grande famille.”
La solidarité des mécènes a également été mise à l’honneur. Damien Baldin les a remerciés pour “leur contribution financière et humaine, mais surtout pour leur foi dans cette aventure collective“.
Aux origines de La France s'engage
Impossible de parler des dix ans de La France s’engage sans évoquer François Hollande, sous la présidence duquel le programme a vu le jour. Présent lors de cette soirée, sa confiance dans les acteurs associatifs et le secteur privé pour lancer cette initiative inédite, a été saluée.
Dans les premières minutes de son intervention, François Hollande a tenu à souligner le caractère unique de cette initiative qu’il avait portée durant son mandat présidentiel. « Quand nous avons lancé La France s’engage, l’objectif était simple, mais ambitieux : identifier et soutenir des projets qui changeraient réellement la vie des gens, et pas seulement à court terme. »
La France s’engage est née d’un constat : face à des défis sociaux et environnementaux de plus en plus complexes, les réponses purement institutionnelles ne suffisaient plus. « Il fallait donner les moyens à ceux qui, souvent en dehors des circuits traditionnels, avaient des idées, de l’audace et surtout une énergie inépuisable pour agir concrètement. » Ce soutien, a précisé François Hollande, ne se limitait pas à des financements : il s’agissait de créer un écosystème où ces projets pourraient s’épanouir, être accompagnés et essaimer.
Au fil des années, « La France s’engage, ce ne sont pas seulement des chiffres, des bilans ou des résultats – ce sont des histoires humaines. Ce sont des vies changées. Celles des porteurs de projets, mais aussi des bénéficiaires de leurs actions. »
François Hollande a particulièrement insisté sur l’impact transformateur des projets soutenus : « Ce qui a été réalisé en dix ans est remarquable. Ce sont des initiatives locales qui ont grandi pour toucher des milliers, parfois des millions de personnes. C’est une solidarité qui, partie d’une idée, est devenue une réalité concrète pour beaucoup. »
Il a également rendu hommage aux partenaires privés et publics, en rappelant que l’innovation sociale nécessite des alliances nouvelles. « Cette initiative a démontré que l’État peut être un moteur, mais que sans l’implication du secteur privé, des mécènes et des associations, rien n’est possible. » Cette coopération est l’un des piliers du succès de La France s’engage.
"Une promesse pour l'avenir"
François Hollande a ensuite élargi son propos pour parler des défis à venir. Il a souligné que les enjeux auxquels nous faisons face aujourd’hui – crises sociales, écologiques et fractures territoriales – rendent La France s’engage plus nécessaire que jamais.
« Les problèmes sont immenses. Mais je reste convaincu que c’est précisément dans ces périodes d’incertitude et de doute que les solutions les plus innovantes peuvent émerger. La France s’engage doit continuer à être ce tremplin pour celles et ceux qui osent imaginer autrement. »
Pour François Hollande, le rôle de La France s’engage va bien au-delà du soutien à des projets isolés. Il s’agit de créer une véritable culture de l’engagement, où chacun, à son échelle, peut contribuer à bâtir un avenir plus solidaire. Il a également appelé à une prise de conscience collective face à la montée des individualismes et à la défiance croissante envers les institutions.
« Si nous avons lancé La France s’engage, ce n’était pas uniquement pour soutenir des projets sociaux. C’était pour dire que l’espoir peut venir de partout. Que la société, dans sa diversité et sa complexité, peut produire des solutions que l’État seul ne saurait imaginer. »
Le président fondateur a salué les lauréats et porteurs de projets présents dans la salle. « Vous êtes les héros de La France s’engage. Ce sont vos initiatives, vos rêves, vos efforts acharnés qui donnent tout son sens à ce programme. Vous incarnez ce que la France a de meilleur : une capacité à inventer, à transformer, à ne jamais se résigner. »
Pour conclure, il a appelé à ne pas se reposer sur les acquis de ces dix premières années. « Nous devons continuer à élargir le champ des possibles. Soutenir davantage de projets. Toucher davantage de territoires. Et surtout, former les générations futures à l’innovation sociale. »
En guise de mot final, François Hollande a lancé un appel à l’action : « Ce que nous célébrons ce soir, ce n’est pas seulement une réussite passée. C’est une promesse pour l’avenir. Continuons à nous engager, à croire, à construire. Ensemble, nous pouvons tout changer. »
Le futur s'écrira en collectif
Dix ans après sa création, La France s’engage n’a rien perdu de son ambition. Élodie Tesson et Alexandra Harnais ont ainsi formulé un vœu vibrant : “Joyeux anniversaire, les utopistes, les illuminés, les poètes, les fous, les dénicheurs, les inventeurs, les rêveurs. Joyeux anniversaire à celles et ceux qui ne lâchent pas l’affaire. À la France qui aime. La France qui prend soin, à la France qui s’engage.”
La France s’engage entre dans sa deuxième décennie avec une conviction intacte : celle que l’innovation sociale peut changer des vies, transformer des territoires et bâtir un futur plus solidaire.